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Date de création : 06.11.2009
Dernière mise à jour :
09.02.2010
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La navrante prestation des Bleus et leur manque de modestie après leur qualification jètent l’opprobre sur le football français

On en est enfin venu à bout. Cette campagne de qualifications pour la coupe du monde 2010 est maintenant terminée, et il aura fallu attendre la dernière minute d’un improbable match de barrage pour en connaître l’issue. La France participera, l’été prochain, à sa treizième phase finale de coupe du monde. Pour la première fois de son histoire, elle aura disputé cette compétition quatre fois d’affilée. Nous allons pouvoir vibrer au mois de juin prochain. Quel bonheur…
Nous avons tellement souffert pendant ce match et nos nerfs ont subi une telle épreuve de force que le sentiment que nous éprouvons désormais est fort étrange. Si on nous avait dit, pendant que nous nous rongions les ongles jusqu’au sang, que la qualification finale s’accompagnerait d’un tel malaise, nous aurions été bien surpris, même si la performance de l’équipe n’avait aucun aspect satisfaisant.
Au-delà d’un simple malaise, on peut presque penser que c’est de honte et de ridicule que la France a été couverte par son équipe de football. Dominés dans le jeu, dévorés dans l’état d’esprit, surclassés dans la maîtrise tactique, les Français n’ont dû leur salut qu’à la triche. Le constat est aussi simple qu’indéniable.
Une gloriole de bas étage
A la 103e minute, Malouda frappe un coup franc lointain. Squillaci, à la lutte avec deux Irlandais, ne touche pas le ballon, qui hérite non pas dans les pieds, mais sur la main d’Henry. Celui-ci centre pour Gallas qui marque de l’épaule.
Il aura donc fallu ce but gag, qui résume à merveille le match français, pour que les hommes de Domenech s’en sortent. Doit-on en vouloir à Henry ? Tous les joueurs de la planète auraient emmené ce ballon de la main, et fort peu auraient eu la classe de l’avouer. Ce n’est pas nécessaire de se demander si Robbie Keane, par exemple, aurait agi différemment, lui qui a contesté toutes les fautes de mains qu’il a commises, et qui ont été justement sanctionnées par l’arbitre. La triche, qu’on le veuille ou non, fait partie du sport, et en particulier du football. Un très gros pourcentage des matchs joués bascule sur une entorse au règlement, sur une mauvaise appréciation de l’arbitre. Cette rencontre-ci était simplement plus importante que d’autres.
On ne peut pas non plus incriminer le corps arbitral, qui avait été irréprochable jusque là. L’action est allée très vite, comme d’habitude, et la position dans laquelle se trouvait Henry offrait un angle difficile aux deux arbitres. Si le trio suédois avait un faible pour l’équipe de France, il aurait sifflé penalty quand Anelka est tombé face à Given, et il n’aurait pas refusé le but de Govou pour une position de hors-jeu, alors que le Lyonnais avait une partie de son corps aligné avec la défense irlandaise.
Aussi, le malaise que l’on ressent est moins la conséquence de la main en elle-même que les événements qui ont suivi. L’exultation du staff français à la fin du match avait quelque chose de vulgaire. Les réactions d’après-match était quant à elle carrément scandaleuses. Mme Yade, M. Le Graët, M. Escalettes, M. Domenech, tout le monde se félicitait de la qualification sans parler réellement de la façon dont elle fut acquise. C’est à peine si les Irlandais ont eu droit à une phrase de politesse par intervenant. En plein débat dur l’identité nationale, tout cela a quelque chose de causasse. On est fier d’un match affligeant et d’une qualification due à la triche. Même Thierry Henry n’a pas fait son mea culpa. Il a reconnu avoir emmené le ballon de la main, mais il aurait eu l’air bien bête en déclarant le contraire.
La main d’Henry n’est pas divine
Cette main libératrice, beaucoup l’on comparé à celle de Maradona. En quart de finale de la coupe du monde 1986 au Mexique, le « pibe de oro » ouvre le score pour l’Argentine face à l’Angleterre en devançant le gardien grâce à son coude. Néanmoins, on peut se poser la question de savoir si cette « main de dieu », comme l’avait qualifiée le numéro 10 argentin, est vraiment comparable avec celle d’hier. D’abord, ce dernier était le meilleur joueur du monde, capable, après cet acte de tricherie délibéré, de dribbler toute l’Angleterre pour inscrire l’un des plus beaux buts de l’histoire, et de se moquer du monde entier. Henry, quant à lui, a été transparent pendant toute la partie. D’autre part, on peut retenir les propos de Daniel Riolo, journaliste à RMC, soulignant que « Maradona a toujours assumé son côté « sale mec », alors qu’Henry s’est toujours érigé en donneur de leçon ». Les avis tranchés ne sont pas toujours mauvais.
Enfin, l’équipe d’Argentine de 1986 était la meilleure du monde, tandis que nos pauvres Bleus, hier, n’avaient pas le niveau de cette compétition. Les hommes de Bilardo s’étaient servis de la triche comme un coup de pouce, tandis que pour ceux de Domenech, c’était la seule solution.
C’est le point le plus crucial de l’affaire : l’équipe de France, dans ce match qui était le plus important au stade de France depuis la finale de la coupe du monde 1998, a été absolument pathétique. On se demande bien depuis quand elle n’avait pas été aussi mauvaise. Même à l’Euro 2008, même en Autriche (1-3), contre la Lituanie (1-0), ou lors des qualifications pour la dernière coupe du monde, on pouvait trouver plus de motifs de satisfactions. Hier, ce fut le néant total. L’Absence. La leçon de football donnée par Trapattoni fut d’une évidence affligeante. Maîtresse des deuxièmes ballons et solide en défense, il y eut des moments où l’équipe d’Irlande faisait ce qu’elle voulait. Les Français, tétanisés par l’enjeu et désarmés par l’absence d’entraîneur, ne savaient que faire.
Lloris est déjà grand
Dans ces conditions, à quoi peut se raccrocher Raymond Domenech ? Il dispose de joueurs formidables et a réussi à nous faire revivre le mois de novembre 1993. Jean-Pierre Escalettes, le président de la Fédération Française de Football, affirme avoir eu raison de le maintenir à son poste après l’Euro, puisque l’objectif était de se qualifier pour la coupe du monde 2010, et qu’effectivement, « Domenech a qualifié l’équipe de France ». Comment oser dire une telle chose ? Les joueurs ont obtenu leur qualification dans l’anarchie totale, baignant dans une médiocrité incroyable en raison de l’absence totale d’organisation. Pour couronner le tout, le but décisif intervient parce que Henry a enfreint les consignes en ne tirant plus les coups de pieds arrêtés.
Même si les nations qui réussissent vraiment leur coupe du monde sont généralement celles qui ont manqué leurs phases de qualifications, il y a tellement de choses à changer en France que l’on a bien du mal à imaginer comment le mondial 2010 pourrait ressembler au mondial 2006.
Bien entendu, Hugo Lloris est à exclure de ce constat. Sans contestation possible, il fut l’homme de cette double confrontation, l’homme des Bleus. Décisif devant Keane (24e, 73e), Duff (61e) et impérial dans les airs, il a maintenu en vie l’équipe de France, à des moments où un second but irlandais aurait plié l’affaire. Oui, l’Irlande a eu cinq, six occasions de clore les débats et d’enterrer définitivement les Bleus. Mais face à ce gardien-là, il fallait en faire trop. Il est évident que sans lui, l’Irlande chercherait aujourd’hui un hôtel en Afrique du Sud pour le mois de juin prochain.
De Paris à Dublin en passant par Liverpool, dans toutes les compétitions, le portier lyonnais a déjà fait gagné un nombre considérable de matchs à son équipe. Or les gardiens de buts capables de remporter une rencontre presque à eux tous seuls sont les très grands. Lloris a 22 ans et en fait déjà partie.
Plus le temps passera, plus l’injustice de la qualification paraîtra anecdotique. Pour l’heure, la France s’est couverte de ridicule. Le jeu pitoyable de son équipe, la supériorité irlandaise, la tricherie indispensable à la survie, et la satisfaction générale à la fin du match rendent notre pays grotesque. Heureusement, quelques déclarations politiques sauvent ce qui peut encore l’être. Néanmoins, le match ne sera pas rejoué, comme certains le souhaitaient. Les Bleus seront en Afrique du Sud, mais on a bien du mal à en saisir le sens.
MB